Trois oeuvres-référence du 20e siècle

Publié le par Paul Moes

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MUSIQUE CLASSIQUE
Trois oeuvres-référence du 20e siècle

Paul Moes

Succédant à Christoph von Dohnànyi comme chef du Philharmonia Orchestra pour la saison 2008/2009, Esa-Pekka Salonen est, avec le réputé orchestre londonien l`invité de la Philharmonie, ce 12 février 2008.

 

Créé en 1945 par le producteur de disques Walter Legge, pour les enregistrements de son groupe EMI, le Philharmonia a connu une histoire mouvementée au cours des saisons. D`abord dès 1946, quand dans le cadre de la dénazification autrichienne, Legge engage le jeune Herbert von Karajan, à l`époque le rival de Furtwängler, pour prendre la tête de l`orchestre. C`est avec le Philharmonia que Karajan forma son répertoire, faisant évoluer son style de jeunesse vers la maturité et la direction souple et voluptueuse qui marquera le reste de sa vie. Karajan prit en 1955 la direction du Philharmonique de Berlin, mais restera néanmoins fidèle au Philharmonia. Le travail avec Furtwängler et Karajan a donné à l`orchestre londonien un son « germanique », généreux et profond. Depuis 1995, le Philharmonia est en résidence au Royal Festival Hall.

Le nouveau chef Esa-Pekka Salonen est né en Finlande en 1958. C`est au Conservatoire d`Helsinki qu`il a étudié le cor et la direction d`orchestre. Développant initialement une débordante activité de compositeur, Salonen, malgré son emploi du temps chargé de chef d`orchestre international, a su préserver sa créativité comme compositeur. Ses nouvelles ?uvres sont toujours attendues avec impatience et curiosité.

Née à Belgrade en 1973, la pianiste de concert Tamara Stevanovic a remporté de nombreux prix et a réussi l`exploit d`obtenir un Master à 17 ans en musique, pédagogie, psychologie et sociologie. Depuis elle s`est tournée résolument vers le piano et elle a travaillé notamment avec Radu Lupu et, Richard Goode et - plus surprenant - avec des compositeurs comme Boulez, Crumb et Eötvös. Depuis 2003, elle se produit comme partenaire de concert de Pierre-Laurent Aimard. C`est notamment avec ce dernier qu`elle a interprété en 2005 l`intégralité des ?uvres pour piano seul ainsi que pour deux pianos de Pierre Boulez. Son répertoire s`étend du baroque au contemporain. Nous pensons qu`elle devrait être à l`aise avec Messiaen et l`interprétation des « Oiseaux Exotiques ».

Cependant avant d`exécuter l`?uvre charnière du concert, le Philharmonia interprétera une oeuvre également originale et intéressante « Les cinq danses rituelles » d`André Jolivet. Jolivet (1905-1974) génie attiré par l`art sous toutes ses formes, est un vrai enfant de la Butte Montmartre. Il restera pendant toute sa vie créative fidèle aux idéaux du groupe « Jeune France », où il ne fréquenta pas seulement des musiciens comme Le Flemm et Messiaen, Milhaud et Honegger mais également d`autres artistes comme Valmier et Jean Vilar. Son amitié et son affinité avec Varèse est une autre balise pour comprendre ses oeuvres. Parfois on reproche à Jolivet sa formation musicale bien curieuse, due à des mentors aussi opposés que Le Flemm et Varèse. Cependant ce dualisme convenait parfaitement à son tempérament. Le Flemm lui enseigna le sens de la mesure, Varèse celui de la démesure. Les "Danses rituelles" font partie d`une époque ou Jolivet rechercha à rendre à la musique une jeunesse primitive, pleine de fougue, de spontanéité et de puissance. 2008 étant une année Messiaen (100e anniversaire de sa naissance) nous aurons certainement encore l`occasion de parler de la biographie de ce merveilleux compositeur. Dans les « Oiseaux exotiques », pièce pour piano et petit orchestre, que Tamara Stefanovic interprétera, tous les oiseaux ont de merveilleux plumages. Messiaen a mis ces couleurs très vives dans sa musique. Le noir et le jaune pour le Manade hindou aux cris singuliers, le vert pour le Verdin, l`orange et le noir pour le Troupiale de Baltimore, le gris et le rose pour le Moqueur polyglotte, le gris ardoise pour l`Oiseau-Chat et une volière d`autres oiseaux l`un plus coloré que l`autre. Tout ceci dans une musique ou se bousculent des rythmes grecs et hindous, le tout encadré par les cadenza du piano. « Plus que la forme, plus que les rythmes et plus que tous ces timbres, il faut entendre et voir dans mon oeuvre des sons-couleurs » dit Messiaen.


Le Philharmonia terminera son concert avec une des oeuvres-phares du répertoire d`orchestre. « Le Sacre du Printemps » d`Igor Stravinski. Il serait à notre avis trop osé de voir une parenté entre les « Oiseaux exotiques » et le « Sacre » parce que Stravinski le composa presqu`en même temps que « L`oiseau de feu ». L`?uvre de Messiaen est consacrée à la recherche de la beauté des sons, celle de Stravinski recherche la provocation dans les sons.


Nous pensons que le choix des trois oeuvres au programme promet une soirée passionnante et une écoute enrichissante.

Si vous voulez savoir comment cela s'est passé rendez-vous sur le site
http://paulmoes.over-blog.com un compte-rendu y sera publié dans la semaine qui suit le concert.

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