Prouesses orchestrales et pianistiques aux Rainy Days

Publié le par Paul Moes

Prouesses orchestrales et pianistiques aux Rainy Days

 

Paul Moes

 

Dans le cadre des Rainy Days nous avons pu assister à un portrait  de Bernd Alois Zimmermann à la Philharmonie, samedi soir (22 novembre 2008). Ce fut une de ces prouesses orchestrales auxquelles l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg nous a habitués dans l’interprétation d’œuvres contemporaines voire d’avant-garde. Nous pensons que le charisme introverti d’Arturo Tamayo n’y est pas étranger.

 

Pascal Meyer et Xenia Pestova

 

 L’autre évènement exceptionnel de cette soirée fut l’interprétation époustouflante, se déroulant comme un feu d’artifice à couper le souffle, du « Dialoge ; Konzert für zwei Klaviere und grosses Orchester » de Bernd Alois Zimmermann par le duo Pascal Meyer-Xenia Pestova. Les deux artistes ont une fois de plus réussi un exploit exceptionnel dans la disharmonie presque ardente qui caractérise cette œuvre déroutante. Avec une technique impeccable, en parfaite empathie stylistique, les deux pianistes nous ont submergés de sons tantôt d’un martellato-fortissimo étourdissant, tantôt d’une douceur pleine d’imagination. Les caractères différents des deux artistes (pas forcément en opposition) – Pascal Meyer plutôt introverti, Xenia Pestova plutôt extravertie- ont donné à cette interprétation un niveau et une classe qui dépasse, largement, l’enregistrement (le seul qui existe) qu’en ont fait le duo Grau&Schumacher avec l’Orchestre Symphonique de Berlin (dir: Bernhard Kontarsky). Le duo Meyer&Pestova nous a éblouis par son développement (assurément mûrement réfléchi) cohérent d’une dynamique extrêmement exigeante.Impressionnant !

 

Après la pause avec, « Photoptosis, prélude für grosses Orchester », que Zimmermann a composé en 1968, le stress fut au rendez-vous. Des sonorités, parfaitement maîtrisées par l’OPL, complexes et dérangeantes nous envahirent de façon surprenante. La « Symphonie in einem Satz für grosses Orchester » fit revenir un calme relatif. La direction de Tamayo resta d’une précision méticuleuse l’orchestre y montra un engagement, voire un engouement, surprenant.

 

Pendant la pause, Roger Manderscheid en lisant des extraits de son « den Ubu gët Kinnek » avait parfaitement situé l’atmosphère et l’esprit  de la « Musique pour les Soupers du Roi Ubu ». D’un humour « noir » cette parodie établit un drôle de contraste avec les œuvres précédentes. La diversité des instruments de l’orchestre avec notamment d’excellentes contrebasses, seules cordes traditionelles, des guitares, mandolines, orgue et un « combo » de jazz sert gaiment des musiques de fanfare, contemporaines, comme Henze et Stockhausen, et de tradition occidentale, de Bach à Wagner. Des danses de la Renaissance sont mêlées à des mélodies de Polka et de jazz, créant des contrastes parfois cocasses. Dès « L’Entrée de l’Académie », le ton est donné avec un énoncé ironique, par les cors, sur le rythme d’un thème des « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski. L’œuvre continue à dérouler ses sept tableaux avec beaucoup d’humour. L’incroyable diversité de matériaux culturels d’époque fort différentes est une démonstration de l’énorme culture de Zimmermann. Les musiciens, autant que le public, se régalèrent de cette œuvre.

 

Le portrait de Zimmermann que nous avons découvert fut complet et enrichissant.

 

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