Puissance de l'orgue, discrétion des cordes

Publié le par Paul Moes

 
Naji_Hakim_BW_300dpi_RGB.jpgComme écrit précédemment nous avons vécu le lundi 21 janvier 2008 un grand moment d'orgue, mettant en valeur les sonorités de l'orgue de la Philharmonie. Naji Hakim, artiste brillant et éclectique a livré une interprétation sentie de deux de ses propres œuvres. Fut-ce un hasard, mais nous avons l'impression qu'il avait établi son programme en fonction de la composition même de l'orgue, afin de nous permettre d'en apprécier la qualité et par son talent faire briller la poésie de l'instrument-roi dans le Grand Auditorium. Il nous a ébloui particulièrement par sa virtuosité, sa musicalité et le soin particulier qu'il apporte à la régistration d'orgue.
 
Nous avons été touché par le choix des deux œuvres, qui a permit à Hakim de faire preuve de l'étendue de ses possibilités, aussi bien dans le domaine de la musique liturgique que dans celui de la musique profane. La première œuvre au programme "In Organo, Chordis et Choro" pour orgue seul témoignait de la fidélité exemplaire de Hakim à son engagement à la fois liturgique et religieux; L'interprétation fut très intériorisée et sobre, mais aussi "jubilatoire"; Les spécialistes diront à "l'allemande". Nous ne disserterons pas ici, comme d'aucuns le firent, sur l'interprétation de cette œuvre en église ou dans une salle de concert. Certes dans l'Eglise St Martin l'émotion peut être plus grande; grand fut aussi notre ravissement à la Philharmonie.
 
Avec énergie Hakim attaqua ensuite l'Allegro rythmique de son "Concerto pour orgues et orchestre à cordes n° 3" nous subjuguant par son optimisme, sa verve et sa grande variété au niveau des régistrations. Brillante, enlevée et très nuancée nous qualifierons cette interprétation comme typiquement "française". Pleine de puissance dans le premier et le dernier mouvement, l'orgue se fit calme et sereine presque intimiste dans le second.
 
Une petite remarque, les cordes des SEL furent pour nous un tantinet trop discrètes et respectueuses de l'orgue.
 
Une première partie du concert exceptionnelle!
 
Après la pause, l'imposant était parti, le calme revenu.
 
La "Simple Symphony" de Benjamin Britten, de facturation assez modeste, fut joué par les "Solistes" avec vigueur et humour, les cordes démontrant une fois de plus leur virtuosité à l'unisson de Jack Martin Händler. Il s'agit ici d'un petit chef-d'œuvre considéré par Britten comme un simple "pêché de jeunesse". Britten y rappelle le lien qui unit la forme de la symphonie à celle de la suite de danses. Les humeurs variées des quatre mouvements sont très jouissives; soulignons que les SEL furent particulièrement brillants dans l'espièglerie du deuxième mouvement et l'exubérance généreuse du dernier.
 
Le mot de la fin fut laissé à Dvorak et sa "Sérénade pour cordes op.22" dans laquelle alternent tempi rapides et séquences lentes. Cette œuvre, si elle est très intimiste dépasse cependant le cadre du simple divertissement. Nous y avons aimé l'introspection méditative que l'orchestre a brillamment interprétée notamment dans le Larghetto du quatrième mouvement; un véritable nocturne romantique au sens le plus poétique du terme.
 
Encore une très belle soirée, avec un très grand soliste.
 
Paul Moes

Publié dans janvier 2008

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