Des attentes déçues

Publié le par Paul Moes

Vadim Gluzman

 

Grandes furent nos attentes pour le concert des SEL de lundi dernier (7 avril 2008). Grande fut également notre déception, à l'exception du plaisir que nous avons eu lors de l'interprétation de la 39 de Mozart. Le soliste Vadim Gluzman nous avait été annoncé comme une future étoile de nos salles de concerts, nous avons rencontré un violoniste moyen et décevant. Malheureusement il fut confirmé, une fois de plus, qu'interroger le concerto pour violon en ré majeur de Beethoven n'est pas à la portée de tout le monde. Même si Vadim Gluzman peut revendiquer une justesse stylistique pour son interprétation, son échec réside principalement dans son incapacité de faire sentir que cette œuvre appartient à la seule période véritablement heureuse du compositeur. Nous lui accordons qu'il nous a livré une version tout en maîtrise, mais dépourvue de l'émotion incontournablement élémentaire pour une "grande" interprétation de ce concerto. Plus que par l'exactitude pointilleuse, voire même la virtuosité, une grande interprétation se caractérise par la vie qu'elle donne à l'œuvre. Nous avons trouvé magnifique son Larghetto. Par contre, aussi bien dans le premier mouvement que dans le mouvement final, son interprétation est trop lente à notre goût. Certains accords syncopes sont beaucoup trop appuyés. Gluzman ne cesse de ralentir à chacun de ses solos. Malgré une jolie sonorité, ce violoniste n'a pas grand chose à dire dans cette œuvre, il se cantonne à un juste milieu prudent, sans véritable investissement, son manque d'inspiration culminant dans une cadence du premier mouvement atrocement longue et, à nos yeux totalement, hors propos. Cependant le soliste n'est pas le seul à blâmer pour cet échec, car la direction de Haendler n'est pas très enthousiasmante non plus. La rencontre entre Haendler et Gluzman se révèle bien peu fructueuse. Les deux tentant en permanence, sans y parvenir, à dynamiser le discours mais le résultat est que la distorsion des tempi devient vite gênante, chacun tirant de son coté. De ce désaccord ne nait cependant jamais ce "débat" entre le soliste et l'orchestre que Yehudi Menuhin a identifié comme essentiel à ce concerto.

 

Vadim Gluzman a un énorme talent et nous sommes prêts à revoir notre jugement, probablement trop sévère, dès que nous aurons l'occasion de le réécouter.

 

Il n'y a rien à dire sur "The Unanswered question" de Yves.

 

Pour notre plus grand bonheur la soirée se termina avec la 39e symphonie de Mozart. Une nouvelle confirmation, qu'une interprétation de Mozart par Haendler et les Solistes n'est jamais banale.

 

Paul Moes

Publié dans avril 2008

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